Consacrée à Fernand Pouillon, cette exposition est entièrement dédiée à la relation entre architecture, ville et paysage à partir des relations existantes entre les éléments architecturaux de la construction et les formes urbaines de ses réalisations. 

Les architectures de Fernand Pouillon sont toujours expression du processus constructif conçu comme un fait urbain. Elles ne dissocient pas les aspects productifs des résultats, elles ne séparent pas le dessin de l’architecture et de la ville, et elles trouvent le fondement de leur nature civique dans l’enchevêtrement de la construction et de l’espace public. 

La position précise de son travail et de sa figure dans la culture architecturale est encore en cours de définition. Il est fondamental de cerner la valeur de son expérience alors que la société industrielle se transformait en monde financier et organisateur de notre époque contemporaine. Cependant le questionnement qui recenserait l’anticipation des thèmes et des problématiques liés à la transformation du monde construit actuel n’a pas encore été défini.  

Il faut enfin rendre évidente la manière dont cette œuvre, de longue date, prend part à la culture architecturale euro-méditerranéenne par sa capacité d’interprétation de «tendenza» de la culture moderne. 

Pour toutes ces raisons, les constructions sélectionnées et exposées veulent réunir une sélection d’ensemble exemplaire et un avancement des études en la matière qui serve de repère pour le projet urbain contemporain, emblématique de cette architecture et indicateur de la recherche d’une position spécifique. 

C’est exactement par son caractère de proposition et de recherche que cette exposition est itinérante. Il est possible de l’augmenter de nouvelles contributions au long de son voyage, générant lors de ses étapes des occasions d’échange et de discussion sur les thèmes qu’elle questionne. 

LES OEUVRES EXPOSÉES 

La sélection des œuvres exposées vise à représenter le rapport étroit entre architecture, ville et paysage, à travers la relation entre les caractères architecturaux de la construction et les formes urbaines des bâtiments et de l’espace public.  

Les panneaux ont été rédigés et mis en page avec la volonté de rendre immédiatement comparables des œuvres différentes, interprétées et représentées graphiquement sur la base de documents d’archives, selon des conventions précises pour ramener les dessins à la même échelle, en ce qui concerne un plan général, un plan du rez-de-chaussée ou plan de l’étage type et des coupes ou des vues frontales particulièrement significatives. Une axonométrie isométrique de la travée typique de chaque œuvre choisie complète cette nouvelle représentation des projets dans les panneaux. Le premier des panneaux consiste en une sorte de fiche d’identité du projet alors que dans les autres sont proposés les dessins, les images, les textes et d’autres documents d’archive. 

Les maquettes, toutes réalisées à la même échelle et avec le même matériau, reproduisent à chaque fois une partie du projet particulièrement représentative du rapport entre le caractère architectural, l’espace public et le contexte urbain. Etant données les grandes dimensions des bâtiments, pour chacun, il a été identifié une partie dans laquelle la travée type, clairement reconnaissable, se répète plusieurs fois ainsi qu’un élément architectural de raccord entre l’espace architectural et son contexte immédiat. L’abstraction visuelle, conceptuelle et architecturale de ces maquettes est obtenue avec l’utilisation d’un matériel plastique compact et uniforme. Sur le socle de chacune, la partie reproduite en détail a été mise en évidence sur un plan à grande échelle. Au moment de l’inauguration de l’exposition à Naples, cinq maquettes des façades de Climat de France, de La Tourette, de la Résidence du Parc, du Point du Jour et du Vieux Port, ont été réalisées à l’échelle 1/50, sur un fond noir, avec des essences de bois différents, pour illustrer la structure des travées. Dans le contraste entre le fond et les éléments en relief, dans l’identification des plans et des couches syntaxiques de ces éléments, dans les effets clair-obscur, dans l’épaisseur et les séquences obtenues par l’emploi du bois, ces maquettes visent à reconnaître dans la travée type le principe de composition du caractère architectural et urbain de ces quartiers. 

Les projets ainsi sélectionnés constituent un fil conducteur dans le cadre général de l’œuvre de Pouillon. À partir d’eux, des lectures critiques ultérieures et opérationnelles peuvent être introduites. La sélection est aussi orientée par l’organisation des matériaux d’archives, par la recherche et le repérage de nouvelles documentations afin d’organiser l’approfondissement des études et peut-être ouvrir de nouveaux horizons.  

À travers le choix couplé des exemples, nous avons voulu prendre en compte une sorte de dialogue ou de correspondance entre projets qui renvoient l’un à l’autre, qui ouvrent et/ou terminent des expériences d’architecture. Ainsi sont également précisés les pays de l’œuvre de Fernand Pouillon, œuvre qui dans sa multiplicité, se déploie avec des allers et retours continuels entre l’Occident et l’Orient, d’un coté et de l’autre de la Méditerranée. 

Nous avons aussi voulu rendre évident le changement d’état d’esprit dans la culture de la modernité, depuis la Reconstruction de l’après-guerre à la société de consommation. Une période que l’œuvre de Pouillon a su si bien interpréter et que nous avons fixé entre les premières réalisations en Provence (1948) et celles de l’Algérie indépendante (1968).