Le Point Du Jour, Paris Boulogne-Billancourt

1958 – 1964
Contexte: première ceinture urbaine de la ville de Paris, récupération d’un lieu industriel, résidence privée.
Programme: 2329 appartements, espaces de commerces et services, 32 immeubles de 6 à 20 étages.
Construction: ossature verticale en béton armé, murs périphériques revêtus de pierre utilisée comme fond de banche (système de la “pierre banchée”), planchers en dalle pleine en béton armé de 17 cm d’épaisseur. Les façades au nord sont constituées d’éléments préfabriqués: panneaux nid d’abeille en ciment armé entre lames verticales, larges appuis horizontaux. Les autres façades à balcons filants sont constituées de menuiseries métalliques. Les toitures-terrasses sont imperméabilisées en asphalte.

«Nous allions acquérir pour une somme dérisoire, pour plus de deux milliards de terrains, d’usines et de matériel.
Je pris immédiatement les plans et me retirai à Marseille, au milieu des miens, afin de commencer l’étude. Il me fallait entreprendre là une vaste opération d’urbanisme, démontrer que Paris pouvait être remodelé, aménagé, grâce à des ensembles réservés aux petits cadres, à bas prix et luxueusement.
[…] À Boulogne, je pouvais en faire la démonstration, bâtir un ensemble aussi important que Rockefeller Center, là où soixante dix mille mètres carrés de hangars obscurs, de ruelles malodorantes, de taudis comparables à ceux des plus horribles bidonvilles, s’étaient installés au cours du siècle.
[…] L’esprit de mes premières études abordait un nouveau domaine: ‘l’ensemble urbain monumental’, la recherche des volumes dans un groupe d’immeubles dense, renfermant des jardins précieux et féeriques réservés aux piétons. Les voitures se faufileraient dans les sous-sols, accéderaient par des passages dérobés au pied des immeubles, se gareraient dans des souterrains. Mes recherches pour des structures économiques m’amenèrent à prévoir des façades en pierre dure, d’autres en glaces. Je me lançai à corps perdu dans une étude exaltante et rapide.
[…] Les deux ensembles, conçus en deux mois, devaient pulvériser tous les prix: quatre-vingt-trois mille francs le mètre carré, au lieu de cent quarante mille; cinquante mille francs, au lieu de quatre-vingts dix mille, soit une différence de soixante à quatre-vingts pour cent entre mes prix et ceux généralement pratiqués sur le marché pour des constructions beaucoup moins agréables et moins confortables».

Sources:

F. Pouillon, Mémoires d’un architecte, Éditions du Seuil, Paris 1968, pp. 320-333