Hôtel Gourara, Timimoun

1968
Contexte: Sahara, Grand Erg Occidental, oasis de Timimoun, équipement touristique.
Programme: 60 chambres, un bar, un restaurant, deux piscines. Les chambres sont distribuées sur 4 niveaux différents.
Construction: structure mixte composée de murs porteurs en béton armé d’épaisseurs variables et de murs épais à double parois et remplissage. Structure composite en béton armé et matériaux traditionnels: toub ou pisé. Le hall d’entrée de l’hôtel est une salle hypostyle composée de piliers de 1m x 1m sur lesquelles reposent des voûtes croisées qui s’élèvent jusqu’à 3.30m. Leurs nervures ont été réalisées en toub. Les parois sont plâtrées, les coloris rappellent les constructions des lieux en argile.

1. «La présence prédominante de l’oasis et des dunes régit la relation de l’hôtel avec le lieu, dans toutes ses parties et avec chaque élément. L’édifice est dessiné en forme de fer à cheval; cette forme sert le rapport entre le bâtiment et le paysage qui l’entoure. Les chambres s’ouvrent en éventail, de l’intérieur vers l’extérieur sur le spectacle surréel environnant. Les jardins intérieurs sont disposés en terrasses le long d’un petit canal dont le départ est dans la piscine située plus haut. La terrasse au-dessus des chambres, en épousant la forme de l’édifice en fer à cheval, conforte totalement la forme du bâtiment sur le terrain».

2. «Quand on va quelque part, on veut découvrir ce qui a existé dans ce pays […]. Donc, lorsque j’ai touché aux hôtels et aux complexes touristiques – j’ai horreur de ce mot – […], j’ai senti quelque chose, je me suis dit: ‘je vais amener ma fiancée dans un décorde de théâtre en dur, je vais lui faire découvrir ce que c’est que l’Islam, le pays…’. Comme ici il ne restait plus rien, de la magnifique ville d’Alger il ne restait plus rien, de la magnifique ville de Constantine plus rien excepté des carcasses d’immeubles, j’ai décidé de construire au bord de la mer de véritables villages, qui auraient pu être habités par des gens du pays à une époque plus ou moins reculée ou contemporaine, pour faire rêver, car c’est bien de cela qu’il s’agit, il s’agit de faire rêver un touriste. […] J’ai pu faire des recherches dans les vielles maisons de la casbah, quelquefois même les transporter entières et les reconstruire au bord de la mer, j’ai pu faire des transpositions, des mariages d’architecture d’éléments contemporains et d’éléments historiques ou archéologiques et je dois dire que ce n’est pas amusant, enfin, ce n’est pas facile à faire, mais c’est sensible, c’est une façon sensible d’aborder le tourisme. […] Mais dans le tourisme, à mon avis, on n’est pas libre, on doit, c’est un devoir de faire rêver».

Sources:

1. G. Barazzetta, D. Nacci, “Fernand Pouillon, l’hôtel Gourara a Timimoun”, dans Africa, big change, big chance, sous la direction de B. Albrecht, catalogue de l’exposition, Triennale di Milano, Editrice Compositori, Bologna 2014, pages 181-183
2. A. Petruccioli, “Intervista a Fernand Pouillon”, dans Architettura nei paesi islamici, la Biennale di Venezia, Electa, Milano-Venezia 1982, pages 54-56