«En 1958, dans la même période, je fus chargé de la reconstruction et du plan d’aménagement de Bastia. Les péripéties du Vieux Port de Marseille m’avaient fait connaître, on s’en souvient, une femme remarquable des services de l’urbanisme, Mme Sciallelli. Haut-fonctionnaire, excellent administrateur et organisateur, elle avait la considération de tous ceux qui l’approchaient. […] Par l’intermédiaire de mon ami Meyer-Heine, inspecteur général d’urbanisme de la Corse et de la Côte d’Azur, elle me demanda de venir la voir. […] Pour elle, abîmer Bastia eût été grave. Ses sentiments débordaient le cadre de ses missions ordinaires. […] J’étais, je le savais, le dernier espoir pour ces gens sensibles et consciencieux qui comprenaient le merveilleux site du vieux Bastia. Je pris connaissance des pièces du dossier et, le lendemain, je quittai Paris pour Nice. […] Je passai une journée à examiner les lieux, une autre journée en visites officielles au sous-préfet et au maire. Je dessinai au retour l’ensemble du projet dans l’avion-taxi une solution architecturale, deux solutions d’urbanisme. Le tout tenait sur deux feuillets. À Marseille, je remettais mes schémas à deux élèves […] auxquels j’expliquai mes dessins. Je leur donnai quinze jours pour réaliser le contenu d’un bel album avec l’aide de toute l’équipe. Je demandai aussi de procéder sur place à une enquête photographique afin de fixer l’état actuel. Le port de Bastia avait été en partie démoli par des tirs d’artillerie. De retour d’Alger et de Téhéran, je passai prendre le projet à Marseille et l’apportai à Meyer-Heine. Il parut enchanté au premier regard, me remercia, et nous nous rendîmes au ministère dans le bureau de Mme Sciallelli. […] ‘Mais il me semble que c’est hier que je vous chargeai de cela. Vous voilà déjà avec une étude complète. C’est incroyable’. L’architecture adoptée d’emblée (naturellement, je complétai le site avec des immeubles simples, construits avec des matériaux du pays) on discuta une heure sur la solution d’urbanisme. […] Il y avait des années que plusieurs architectes peinaient sur le projet que je résolus en un jour d’examen et deux heures d’avion. […] Un jour d’été, je reçus un dessin que mon maître Beaudouin avait tracé sur place de sa main d’or, et qui franchit la censure: Bravo Pouillon, écrivait-il, Bastia est une grande réussite».
Renato Capozzi, Università degli Studi di Napoli Federico II, DiARC
Giulio Barazzetta, Politecnico di Milano, DABC
Catherine Sayen, Association Les Pierres Sauvages de Belcastel, Toulouse
Contacts: info@fernandpouillon-expo.it
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Dernière mise à jour: Mai 2024